Histoire du thé au Maroc

L’arrivée du thé au Maroc​

Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le thé fit son apparition au Maroc. Le thé  fut introduit pour la première fois à la cour de l’empereur Moulay Ismail  (1672-1727) en tant que présent de la reine Anne d’Angleterre (1665-1714).  L’histoire raconte en effet que l’empereur détenait soixante-neuf prisonniers de  guerre britanniques et refusait de les libérer. La reine Anne d’Angleterre estima  alors que « deux grandes fontaines à thé en cuivre et un peu de thé de bonne  qualité adouciraient le cœur de l’empereur du Maroc » et elle ne s’y trompa pas.  Tout au long du XVIIIe siècle, les missions diplomatiques anglaises, hollandaises ou scandinaves n’oublièrent pas de joindre régulièrement aux cadeaux d’usage le fameux thé tant apprécié par l’empereur et sa cour.  Parallèlement, le thé fut aussi apporté au Maroc par  des renégats anglais et hollandais faisant partie des  équipages corsaires de la ville de Salé.​

Au XIXe siècle, le privilège de boire du thé  s’étendit progressivement aux vice-rois, aux  hautes sphères du Makhzen, aux représentants du  sultan dans les différentes provinces et à quelques  familles fortunées.​

La démocratisation du thé au Maroc​

L’année 1856 fut celle du début de la démocratisation du thé au Maroc. La guerre de  Crimée éclata et les marchands anglais se virent interdire l’accès aux pays slaves par  le blocus de la Baltique. Ne souhaitant pas perdre leurs précieuses cargaisons de thé,  les Anglais partirent à la conquête de nouveaux marchés.​

Depuis leur base de Gibraltar, ils se lancèrent dans une véritable offensive commerciale et les comptoirs de Tanger et de Mogador (actuelle Essaouira)  devinrent rapidement les plaques tournantes du commerce du thé en Afrique.  La consommation du thé, dénommé «tây » ou « atây », gagna progressivement  toutes  les couches de la population marocaine, d’abord les milieux les plus  aisés, puis les populations citadines et enfin l’ensemble du monde rural.